Juanca

La perception de l’univers

Après avoir suivi un enseignement artistique traditionnel, Juanca s’éloigne peu à peu de la peinture figurative qu’elle juge « cloisonnante », pour se consacrer à la peinture abstraite. Comparant la figuration à un roman, composé d’un début, d’un milieu et d’une fin, elle rapproche la peinture abstraite de la poésie, qu’elle dit « ouverte à la grande fantaisie ». Lors d’une conférence sur l’Univers donnée par Michel Cassé, l’artiste est subjuguée par l’étendue du Cosmos, qu’elle cesse alors de concevoir comme un concept. Étoiles, planètes, satellites, comètes, constellations, nébuleuses, astéroïdes et météorites deviennent autant de sujets d’inspiration pour elle. Privilégiant l’émotion à la forme, l’artiste peint, non pas une reproduction fidèle et précise de l’Univers, mais ce qui se rapprocherait de la sensation que lui procure sa contemplation. D’abord centrée sur les nébuleuses et leurs couleurs, elle étend par la suite ses recherches à l’énergie noire, en reprenant l’interrogation de l’astrophysicien André Brahic : « Au bout de la couleur … le noir? »

La couleur ne quitte cependant jamais complètement l’œuvre de Juanca : dans sa série « Énergie noire », les peintures à l’huile noire et orange se diluent et se mélangent, pour donner des images « qui pourraient parfois ressembler à celles de l’Univers, par hasard ou par intuition ». Enfin, le motif réitératif du point rouge-orangé rythme ses compositions, où la pureté de la toile blanche contraste avec la concentration de la peinture dans une zone du tableau.

 

Mathilde Mascolo